Installée depuis 1888 quai de Valmy à Paris, au bord du canal Saint-Martin, en face du fameux hôtel du Nord, la maison démarra avec Ernest Carré son activité de grossiste en matériaux de construction.
Dès 1937, les décorateurs d'avant-garde tels Jean Royère, Louis Sognot font appel à son concours. Spécialistes des arts décoratifs, ils entraînent la société vers la création de produits céramiques de grande qualité.
En 1952, Jean-Michel Carré attrape le virus du carrelage. Il rachète les usines qui travaillaient pour lui et maîtrise ainsi la création, la fabrication, la commercialisation de carrelages décorés haut de gamme.
Carré aujourd'hui reste une affaire de professionnels. Élaborés sur la planche à dessin, imaginés, inventés, mis au point, peints à la main dans un laboratoire de céramique, les carrelages sont fabriqués dans le cadre de deux usines, l'une en Béarn, à Orriule, l'autre en Normandie à Gournay-en-Bray.
La première, cachée au creux d'un paysage vallonné, vert à perte de vue, c'est là que l'on découvre les « secrets » de fabrication dans le calme de la campagne. La tradition de la terre cuite existait ici. Les ateliers ont été bâtis sur le site d'une ancienne poterie.
Un casier à terre de la manufacture d'Orriule
Les pains d'argile prêts à être filés et transformés en ruban plat
L'argile, extraite sur place mais aussi dans l'Allier et en Charente, est débarrassée de ses impuretés; broyée et cuite elle devient chamotte; délayée, filtrée elle devient barbotine; filée sous forme de pain, elle est prête à être transformée en ruban plat et découpée à l'emporte-pièce pour prendre sa forme définitive de carreau; mise sur un rayonnage par une main experte, la pâte molle sèche dans une étuve.
Un par un, les carreaux sont filés et découpés
Ils sont ensuite déposés sur des rayonnages
Une première cuisson dans un four tunnel tapissé de fibres céramiques lui donne son aspect biscuit.
Transportés, les carreaux filent lentement vers l'émaillage : une fine pluie blanche qui tombe d'une cloche est propulsée par une turbine, ou bien encore appliquée au pistolet d'un geste expert.
Entrée du four
L'atelier avec et ses cabines d'émaillage
La deuxième cuisson, elle, s'étale pendant vingt-quatre heures. Là, la pâte va durcir en profondeur. Décorés à la main à l'aide de pinceaux, au tampon, au pochoir ou bien en sérigraphie, ils vont subir une ultime cuisson. Le feu fait flamber les couleurs; l'émaillage y ajoute un brillant, une légèreté, une translucidité tout à fait merveilleux... c'est l'état de grâce.
Les carreaux sont décorés à la main
Et finalement emballés avec soin pour être expediés
Mystérieuse alchimie, la cuisson sublime ce que la main a façonné, chez Carré, la mécanisation à outrance n'a pas envahi le processus de fabrication.
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